Lu sur Innovation pédagogique en mai 2025
Le biologiste Olivier Hamant vient de publier fin août 2023 Antidote au culte de la performance. La robustesse du vivant dans la collection Tract chez Galimard.
Ce directeur de recherches à l’INRAE, spécialiste des plantes et la biologie moléculaire et cellulaire, critique la notion de performance.
L’idée et la recherche de la performance se montrent omniprésentes dans la pensée et l’action humaine, alors que, selon lui, le vivant mise plutôt sur la robustesse.
Au-delà du champ des recherches
scientifiques, ses travaux conduisent à plusieurs réflexions sur la
manière dont les sociétés humaines peuvent et doivent faire face aux
défis environnementaux. Il les a aussi développés dans La Troisième voie
du vivant en 2022 chez Odile Jacob.
Comme biologiste, pourquoi distinguer la performance de la robustesse ? Qu’est-ce que cela implique ?
La performance, c’est la somme de l’efficacité, c’est-à-dire atteindre son objectif et de l’efficience, ce qui signifie avec le moins de moyen possible. La performance ouvre la voie de l’optimisation et de la compétition. Dans un monde stable et abondant en ressources, cette performance peut faire sens. C’est d’ailleurs ce qu’on observe chez certains parasites ou dans les blooms algaires par exemple.
« La robustesse permet la viabilité dans un monde instable et en pénurie de ressources. »
La robustesse, elle, maintient le système stable malgré les fluctuations. La robustesse permet la viabilité dans un monde instable et en pénurie de ressources. On la trouve d’ailleurs dans la plupart des écosystèmes terrestres, précisément parce qu’ils ont un ou plusieurs facteurs limitants. La robustesse ajoute des marges de manœuvre, stimule la coopération et explore des voies alternatives pour pouvoir faire face aux imprévus. La robustesse se construit donc contre l’efficacité et l’efficience. Elle est la réponse opérationnelle dans un monde turbulent.
Notre culture et notre vie, y compris dans l’intime, contient une injonction permanente à la performance, quelles sont les moyens pour sortir de ce diktat ?
Pensez que le monde est d’abord turbulent ! Quand nous tombons dans le piège de la performance, c’est que nous faisons l’hypothèse d’un monde stable, en abondance de ressources et en paix. Cette hypothèse est fausse. Une fois considérées les fluctuations, on fait des choix différents : on diversifie ses activités, on se relie à ses voisins, on apprend de nouveaux savoirs, on ne s’épuise plus à la tâche, on respecte son corps… Bref, on vit mieux ! Il faudrait plutôt se demander : pourquoi tient-on tant à l’efficacité ?
Ne plus miser sur la performance, n’est-ce pas cesser de croire qu’on peut faire mieux ? et donc une forme de renoncement assez forte dans une certaine idée du progrès, qui en dépit des crises écologiques, sociales, éthiques et économiques, a réussi à subsister ?
Article complet à retrouver ici.
_Alexis
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