Lu sur Socialter le 29 septembre 2022
Comme un hommage à la puissante pensée de l'intellectuel Bruno Latour, qui nous a quitté dernièrement...
"Le philosophe et anthropologue de la modernité dessine ainsi les contours d’une nouvelle classe écologique qu’il appelle de ses vœux, et dont la préoccupation ne serait plus de veiller à la seule production économique, mais aux conditions de reproduction de la vie. "
"Pour penser une autre suite à l’aventure moderne que la « reprise et
l’extension de la production », il faut parvenir à desserrer l’amalgame
moderne qui a lié entre elles l’abondance, la liberté et
l’unidirectionalité de l’histoire universelle. "
"Posez-vous une seconde la question de ce dont vous dépendez pour subsister, imaginez de faire se superposer le monde dont on vit et le monde où l’on vit, et vous allez vous apercevoir qu’il faut agir un peu partout et à toutes les échelles pour simplement réduire un peu l’abîme du porte-à-faux."
Une façon d'articuler Local et Monde, ou Local-Monde, comme le propose si justement le mouvement des Localos, et expliqué quelque peu dans cet article.
"C’est justement l’immense variété des tâches qui contraste si clairement avec l’unidirectionalité de la version précédente. Il y a bien une orientation, mais elle exige d’aller partout, dans tous les sens, pour regagner une autonomie et faire coïncider, autant qu’il est possible, les deux mondes. On ne va pas quelque part mené par une avant-garde, on s’égaille dans toutes les directions pour repérer ce qui nous empêche d’être libres. C’est bien une orientation, mais qui consiste à sortir par toutes les issues possibles de la prison de la production."
Une pensée chronologique qui nous invite à dépasser la seule ligne du temps pour mieux la relier à une logique du cycle (des saisons, de la croissance et de la décroissance végétale...).
"Ce n’est pas la flèche du temps qui la définit, mais l’attraction universelle du terrestre qui l’oblige à changer ce qu’elle appelait « avoir un but », « aller de l’avant », « être résolument moderne ».
Il s’agit bien d’être progressiste, puisqu’il y a progression, mutation, métamorphose, mais sans pour autant être capté par la figure ancienne du progrès. Je mesure la difficulté de ce déplacement des affects politiques à la peine que j’ai à trouver la bonne métaphore.
Le
mouvement des élèves d’un collège quand sonne la fin des cours n’est
peut-être pas si loin de ce que je cherche à capter… Vous avez tous
connu ce mouvement, ça court partout et dans tous les sens en piaillant
des cris de joyeuse délivrance."
Une invitation à la coopération multi-partenariale et interscalaire dans les projets d'après les expériences vécues avec Prima Terra.
Qu'en pensez-vous ?
"Si vous avez suivi mon argument sur l’aveuglement du XXe siècle
sur lui-même, on s’aperçoit que ce que Bruno Karsenti, commentant
Elias, appelle la « classe pivot », celle qu’il appelait « rationnelle »
parce qu’elle voyait plus loin que les autres et qu’il
assimilait à la bourgeoisie dans son analyse de la société de cour,
cette classe s’est non seulement trahie elle-même mais a trahi tous ceux
qu’elle prétendait entraîner à sa suite dans le « processus de
civilisation ». "
"Pourquoi les Modernes, comme l’a montré si magnifiquement Eric Voegelin, ont été incapables d’entretenir, de chérir le pluralisme.
Non pas, le pluralisme au sens social ou « multiculturel » que les sociétés contemporaines se flattent un peu vite de facilement tolérer, mais le pluralisme des modes d’existence.
Quand on parle de pluralisme, Isabelle Stengers l’a montré dès l’époque de ses Cosmopolitiques, on semble avoir l’esprit large parce que l’on a défini fort étroitement le monde social et le type d’êtres que l’on est prêt à y admettre.
L’inventaire est vite dressé : des objets et des sujets.
Comment espérer, avec un tel système de coordonnées, encaisser la diversité des modes d’existence, la nature des entités qui habitent la Terre, qui peuplent le ciel, qui agitent les esprits, qui fondent le droit, qui établissent des peuples, qui engendrent les fictions, qui forment les valeurs ?
Les Modernes se sont crus dans un monde à l’ontologie extrêmement simplifiée. La mutation écologique, c’est là au fond mon argument, est l’occasion rêvée de venir compliquer leur ontologie, d’en pluraliser les modes de vérité et, par conséquent, d’en rouvrir l’histoire.
L’aventure
n’est pas terminée, mais elle doit repartir sur de nouvelles bases :
une autre cosmologie, une autre anthropologie."
Pour lire l'article complet, c'est ici.
_Un décryptage partagé par Alexis
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